Inde Le Congrès annule 8 milliards d’euros de dettes d’agriculteurs
Le parti du Congrès (opposition) a annulé pour près de 8 milliards d’euros de dettes d’agriculteurs dans des États clés du nord de l’Inde, où il est arrivé au pouvoir la semaine dernière, pour courtiser leur vote à l’approche des législatives de 2019.
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La détresse des agriculteurs constituera l’un des sujets majeurs des élections générales indiennes attendues au printemps. Au cours des deux dernières décennies, des spirales d’endettement ont poussé plus de 300 000 d’entre eux à mettre fin à leurs jours.
Accusant défaite sur défaite depuis l’arrivée au pouvoir à New Delhi en 2014 du nationaliste hindou Narendra Modi, le parti du Congrès a repris du poil de la bête en remportant récemment, à la surprise générale, les élections régionales au Rajashtan, Madhya Pradesh et Chhattisgarh (nord).
Sitôt intronisé, le nouveau gouvernement du Rajasthan a annoncé mercredi soir l’effacement de dettes d’agriculteurs jusqu’à 200 000 roupies (2 500 euros), le coût total de l’opération étant estimé à 2,25 milliards d’euros. Les dirigeants du Madhya Pradesh et du Chhattisgarh ont également pris des mesures similaires, pour des montants évalués à 5,5 milliards d’euros.
« C’est fait ! », s’est réjoui sur Twitter Rahul Gandhi, président du Congrès et héritier de la célèbre dynastie politique indienne. « Nous avions demandé dix jours. Nous l’avons fait en deux. »
Ces trois États du cœur de l’Inde hindiphone sont normalement un bastion traditionnel des nationalistes hindous. Leur basculement dans le camp du Congrès rebat les cartes à l’approche des législatives de l’année prochaine, où le Premier ministre sortant espère décrocher un second mandat.
Les annulations de dettes de la part du Congrès signalent son intention d’exploiter le mécontentement des agriculteurs à l’encontre du Bharatiya Janata Party (BJP) de Narendra Modi, qui avait promis de doubler leurs revenus s’il arrivait au pouvoir.
Des dizaines de milliers d’agriculteurs ont manifesté ces derniers mois dans plusieurs grandes villes d’Inde pour faire pression sur le gouvernement Modi. Ils ont réclamé des effacements de dettes et des prix minimaux plus élevés pour leurs récoltes.
Le vote des zones rurales est crucial aux partis politiques indiens. Près de 55 % du 1,25 milliard d’Indiens dépendent de façon directe ou indirecte de l’agriculture, qui représente environ 15 % du PIB du pays.
L’annulation de dettes d’agriculteurs est une promesse ou une pratique clientéliste courante en politique indienne, pratiquée par tous les bords. En juillet, le gouvernement Modi avait écarté l’idée d’une telle annulation au niveau national, qui grèverait les finances publiques.
Avec l’AFP
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